Pour l’immense majorité des fans, la passion automobile de Steve McQueen a toujours été liée à la Ford Mustang GT390 Fastback du film Bullit. Aux Porsche aussi qu’il pilota sur le circuit de la Sarthe pour les besoins du film Le Mans. Vous avez déjà pu découvrir l’histoire d’amour que la star a vécu avec son incroyable Jaguar XKSS. Mais le cœur du « King of Cool » ne bâtait pas que pour les anglaises. Il a toujours eu aussi, un faible pour les Ferrari. Voici l’histoire de sa 275 GTB/4

Texte / Roland Borghini

Crédit photo : RM Sotheby’s, Droits Réservés

Mésaventure en Ferrari

La célébrité n’a jamais été un paravent contre les accidents. Conduire comme un trompe la mort n’a jamais non plus empêché personne d’être percuté à l’arrêt, bêtement, par un étourdi. C’est exactement ce qu’il s’est passé en 1968, non loin des plages de Malibu en Californie. Alors qu’il attendait sagement que le feu tricolore passe au vert, McQueen a été victime d’un violent choc à l’arrière. Ça n’aurait pas été plus grave qu’un mauvais coup du lapin, si la voiture qu’il conduisait ce jour maudit était une des plus rares Ferrari du monde ! Une 275 GTS / 4 NART Spider. Un des dix exemplaires cabriolet jamais construit. Celle du film « The Thomas Crown Affair » qui commença sa carrière sur les circuits à Sebring en 1967, pour accueillir les jolies jambes de Faye Dunaway, l’espace de la célèbre scène du tournoi de Polo. Un des trois exemplaires – carrosserie alu – fabriqués exclusivement pour les USA à la demande de Pierre Luiggi Chinetti, le tout-puissant importateur de la marque au cheval cabré outre-Atlantique. Après l’accident, la voiture fait triste mine. Elle mérite carrément un passage au marbre et surtout une longue et coûteuse restauration. McQueen n’est pas content. Il est surtout très impatient de pouvoir rouler de nouveau en V12. Il préfère donc abandonner son Spider abimé, pour jeter son dévolu sur une berlinette 275 GTB / 4.

Ferrari 275 GTB / 4 sauce McQueen

 Une bête de race qu’il a repéré chez Chic Vandagriff, le propriétaire du garage « Hollywood Sports Cars ». « Le châssis porte le numéro 10621, raconte le département historique de la marque, son assemblage a été achevé fin 1967, à l’origine, elle a été peinte couleur « Nocciola » (noisette) et son intérieur est en cuir noir ». Mais une fois encore, la teinte ne convient pas à Mister McQueen. Il y a quelques années, il avait déjà fait le coup avec son XKSS « Old English White » en la faisant repeindre d’un vert unique. Cette fois, il ne fait pas appel à son ami Tony Nancy, le célèbre hot-rodder californien qui avait retapissé l’intérieur de sa Jaguar. Ni à Kenny Howard, alias « Von Dutch », qui lui avait créé une boîte à gants personnalisée à trappe pour renfermer ses Persol pliables modèle 714. Non, c’est à un autre sorcier de la préparation qu’il s’adresse. Lee Brown et Steve McQueen se connaissent bien. La star lui a déjà demandé quelques modifications sur ses voitures perso et c’est lui qui prépare les Ford Mustang GT 390 utilisées sur le tournage de Bullitt. Il lui propose alors une couleur carrosserie exclusive. Un marron rouge qu’il va surnommer « Chianti Red ». A la demande de McQueen, Il fait aussi poser les magnifiques roues fil Borrani à moyeux central, récupérées sur la Spider accidentée, ainsi que le rétroviseur latéral aérodynamique monté sur l’aile côté conducteur. « McQueen avait des exigences particulières en matière d’automobile, se souvient Lee Brown, il n’aimait pas les antennes d’aile par exemple. Sur toutes ses autos, il fallait les démonter pour les replacer à l’arrière. Quant aux couleurs, il voulait toutes les personnaliser. C’est moi qui avais repeint sa Berlinetta Lusso 250 GT, la première Ferrari qu’il avait achetée dans un garage de Santa Monica. Quand il l’a vendu en 1967 pour acheter la 275 Spider, j’avais même récupéré une petite boîte de peinture de retouche, soigneusement conservée, portant l’inscription « McQueen Lusso ». Tant la couleur était spéciale, les italiens la rebaptisèrent bien plus tard « Marrone Metallizzato ». 

Intérieur de la Ferrari

L'amour du cavalier à sa monture

Fidèle à ses habitudes, McQueen utilise sa 275 en « daily driver ». Pour aller acheter ses cigarettes, mais aussi pour se rendre évidemment tous les jours sur les plateaux. Une photo de lui sur le tournage le représente même habillé en détective Frank Bullit au volant de la Ferrari. Il ne laisse jamais le soin à personne de garer son bijou. Surtout pas aux assistants et encore moins aux voituriers. Corporation à laquelle il n’accordera jamais aucune confiance. Il faut dire que la voiture n’est pas une banale GT. D’abord, elle est mue par un V12 élaboré par un certain Colombo. Un ingénieur motoriste fidèle d’Enzo, qui ne partage aucun trait de caractère avec le célèbre Lieutenant. 3.3 L de cylindrée, quatre arbres à came en tête… Le V12 est un monstre de puissance capable de sortir 330 ch débridés, alimentés par six carburateurs double-corps Weber 40, le tout relié à une boite 5 vitesses positionnée en « Transaxle » (sur l’essieu arrière) garantissant un équilibre et une tenue de route impériale, même à la vitesse de pointe incroyable de 242 km/h. « La 275 GTB est supérieurement nerveuse, très agile et rapide, écrira le regretté José Rosinski dans Sport Auto, lors de sa sortie. Son confort, la qualité de sa finition, la ligne originale de sa carrosserie justifient un prix d’achat exceptionnel pour une voiture d’exception. C’est un pur-sang, d’un luxe sans mollesse et d’un tempérament fougueux ». On ne se sait pas vraiment pourquoi McQueen décidera un beau jour de s’en séparer. Quoiqu’il en soit il finit par la céder à un autre héros du cinéma. L’acteur Guy Williams, plus connu sous le nom de Zorro puisqu’il incarnera pendant des années les aventures du justicier masqué dans la populaire série télévisée du même nom. Il ne l’utilise guère et finit par la céder à J.P. Hyan, un policier de Los Angeles qui ne l’achètera pas avec son salaire de flic, mais l’argent de son père, le fondateur de Genuine Foods. En 1980 elle est revendue au directeur d’une entreprise de transport routier. C’est le plus fidèle des propriétaires car il va la garder 17 ans. Mais il va aussi commettre le sacrilège de la transformer en Spider en lui ôtant son toit !  Avant de la vendre en 1997. Elle va passer par la suite entre les mains expertes de deux collectionneurs qui la remettront dans sa configuration d’origine. Andrew Pisker, puis l’Allemand Peter Harburg qui finira par la céder à l’ex-pilote d’usine Porsche et vainqueur du Mans 1983, Vern Schuppan. Elle vient d’être vendue aux enchères pour la bagatelle de 5 395 000 $ par RM Sotheby’s à la célèbre vente de Monterey. Les légendes ne meurent jamais, a-t-on coutume de lire. Et les attributs des héros ne sont pas prêts de perdre de leur attrait.

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