Jaguar XKSS 1958 – Steve McQueen
Il l’a tellement aimée qu’il l’a gardée jusqu’à sa mort. Voici l’histoire d’amour qu’a vécu la star immortelle, Steve McQueen, avec la Jaguar XKSS. Première Supercar de l’histoire de l’automobile. Deux icônes pour une légende.
Roland Borghini
Premier amour auto de Bullit
Les rabâchages des détracteurs de la marque n’ont jamais atteint Steve McQueen. En effet, la star de cinéma a possédé l’un des plus beaux modèles – et en tout cas un des plus rares – de toute l’histoire de la firme, l’XKSS. Flashback, 12 février 1957, un incendie dévore une partie des bâtiments de l’usine Jaguar à Browns Lane, Coventry. Le feu ravage des centaines de voitures MK1, MK2, MK7. Détruisant au passage neuf XKSS construites pour des clients Nord-américains. Une XKSS, c’est quelque chose d’unique. La version routière de la Type D rendue célèbre par ses triomphes aux 24 Heures du Mans en 1955, 1956 et 1957. C’est le patron de Jaguar lui-même, Sir Williams Lyons, qui a l’idée de fabriquer cette merveille sur les bases des vingt-cinq Type D de course restantes et invendues. Il faut dire qu’en 1958 les règlements de compétition sont moins favorables. Ils exigent désormais des moteurs de 3,0 litres plus petits, ce qui avantage des marques comme Ferrari. L’usine se met donc au travail pour convertir les bêtes de course en voitures de super tourisme. La première XKSS à toucher le sol américain est livrée en Californie. Elle est achetée neuve par le patron du Riverside Raceway. Un circuit de course qui accueille entre autres le Grand Prix du Los Angeles Times, épreuve réservée aux voitures de sport GT et Sport-prototypes. Très vite, il cède la voiture de sport à Bill Leyden. Une célébrité hyper populaire qui anime le jeu-télé « It could be you » sur la NBC. Le Jean-Pierre Foucault de l’époque a eu le dernier mot. Et sa Jaguar est unique. Mais elle n’a qu’un lointain cousinage avec la voiture de compétition.
Décoursifier la bête
Pour la civiliser, Coventry a « decoursifié » la bête de circuit, en supprimant les sautes-vent Brooklands, pour les remplacer par un pare-brise panoramique et en enveloppant avec side screen latérales. La célèbre usine a aussi fait sauter la séparation, rivetée aviation, entre le passager et le conducteur ; apprivoisé quelque peu les échappements ; rasé la célèbre dérive de queue en nageoire dorsale de requin et même réutilisé les blocs de feux arrière du XK140, montés plus haut sur les ailes. A Coventry, on veut tellement civiliser l’XKSS qu’on surmonte la malle arrière d’une galerie porte-bagage genre TR3. Shocking! On travaille aussi l’éclairage, les clignotants et la « sécurité » en affublant la jolie bouche du capot de deux moustaches de pare-choc qui préfigurent les bacchantes de la Type E. Bill est ravi. Sa Jaguar est magnifique. Son jeu télé fait un carton. Comme d’ailleurs la série « Au nom de la loi » grâce à laquelle Steve McQueen s’est fait connaitre. Bill invite donc le chasseur de prime le plus connu des Etats-Unis sur son plateau. Joss Randall n’a pas les yeux dans sa poche. Et il repère immédiatement la Jaguar sur le parking en sortant des studios de Sunset Boulevard. Dès cet instant, il n’a plus qu’un but, racheter la bête à sa populaire fréquentation. Leyden finit par accepter de lui céder pour 5000 dollars. Soit l’équivalent de 50.000 € d’aujourd’hui… C’est la femme de McQueen qui lui avance la somme. Biensûr, Steve adule la puissance de son 6 cylindres 3,4 litres, ses trois carburateurs Weber 45 DCO3 (moulés au sable, tous numérotés individuellement), sa culasse wilde angle Type C et ses 250 ch, même si c’est une conduite à droite. Mais il est moins emballé par sa couleur. Elle est blanche OEW Old english white, intérieur rouge. Alors, McQueen va commettre un crime de lèse-majesté, il décide de faire repeindre son XKSS. Le résultat est plutôt réussi. La star choisit évidemment une couleur très classe. Un vert sombre, British Racing Green très en vogue à l’époque sur les MK2. Teinte qui n’est pas sans rappeler celle de la Ford Mustang Highland Green que McQueen conduira dix ans plus tard dans Bullitt.

Excès de vitesse
Dire que Steve ne vit désormais que pour sa nouvelle conquête est un euphémisme. Il passe son temps à la bichonner. On le voit s’en occuper entre deux prises sur le tournage de sa série télé, affublé de sa Winchester canon court, collée sur la jambe droite de son pantalon de cowboy. Il promène même son cheval en le tirant par ses rennes de l’habitacle de sa chère Jag ! Il l’aime tellement qu’il lui donne le surnom affectueux de « green rat ». Peut-être en réponse au surnom « little bastard » que donna James Dean à sa Porsche. Mais le changement de couleur ne suffit pas. Il fait également personnaliser l’habitacle. C’est Tony Nancy, célèbre hot-rodder Californien qui retapisse le « rat vert » de McQueen en cuir noir. Quant à son ami Kenny Howard, alias « Von Dutch », il va même lui créer une boîte à gants personnalisée à trappe verrouillable, pour renfermer ses Persol pliables modèle 714. Il n’a pas besoin de lunettes de soleil pour se « tirer des bourres » la nuit avec ses amis sur Mulholland Drive. Régulièrement, McQueen grimpe et dévale les 38 km de cette route montagneuse mythiques à tombeau ouvert, en faisant résonner la vallée des montées en régime de son 6 cylindres. Des performances qui terrorisent les riverains. Mais surtout qui énervent passablement le shérif de la police de Los Angeles qui va promettre à ses troupes un diner de gala à qui attrapera la star en flagrant délit d’excès de vitesse.
Steve passe pourtant entre les gouttes. Mais en 1959 la star est « enfin » arrêtée. Par chance, c’est son épouse qui occupe ce jour-là, la place de copilote. Neile Adams, est enceinte de six mois du fils de McQueen, Chad. L’acteur ment aux policiers en expliquant qu’elle est en train d’accoucher. Il est si convaincant que la police de L.A décide de l’escorter jusqu’à l’hôpital. Pas facile d’expliquer au personnel médical qu’il s’agit d’un « faux » accouchement destiné à éviter une amende. Steve se souviendra longtemps des quolibets furieux que lui distillera la future maman sur le chemin du retour.
La dernière de Steve McQueen

McQueen en a eu des autos dans son existence. Des Porsche, des Rolls, des Lotus, des Ferrari… Mais il va garder son XKSS jusqu’à sa mort en 1980. Malgré les protestations de Chad, son fils, âgé alors de 20 ans, la précieuse « Green Rat » – chassis N° 713, immatriculation California JNH 809 – est donc vendue en 1986. C’est Richard Freshman, ancien voisin de McQueen à Hollywood Hills, qui se l’offre pour 148 000 dollars, soit à peu près 330.000 € d’aujourd’hui. Une broutille. Il va charger la société britannique Lynx Motors de remettre la Jaguar en état. La firme en connait un rayon sur les Jag. Cela fait des années qu’elle les restaure. Elle fabrique même des copies hyper exactes et un break de chasse unique sur base XJS. L’entreprise réalise donc une magnifique restauration. En respectant évidemment les modifications apportées par McQueen, y compris la sellerie personnalisée. Tout est conservé d’origine. Même le volant D-Type trois branches en hêtre à 9 trous et à 9 rivets.
Depuis 2000, « green rat » coule des jours paisibles au Petersen Automotive Museum de Los Angeles. Un véritable temple dédié aux automobiles de stars qu’ont fait construire Margie and Robert E. Petersen, deux passionnés fous de voitures anciennes. Toujours campée sur ses roues Dunlop en alliage de magnésium à moyeux centraux et ses Dunlop Racing CR65 (McQueen l’équipa un temps en Pirelli Cinturado), elle fait de courtes sorties aux mains d’essayeurs vedettes comme Jay Leno, la star télé. Il parait qu’elle démarre au quart de tour. Les spécialistes estiment sa valeur entre 40 et 50 millions €. Elle n’est pour l’instant pas à vendre. Mais si elle l’est un jour, on peut espérer que les Persol de Steve seront peut-être dans la boite à gant. Ce serait un beau geste pour le prix…
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