Pas besoin d’être un spécialiste pour constater que Sir Williams Lyons, le boss de Jaguar, a utilisé la 420 pour mieux se « faire les dents » et peaufiner son nouveau modèle XJ. Un simple coup d’œil suffit. Regardez la face avant de la 420. Relevez un peu le pare-chocs en atténuant la lèvre de la calandre. Grossissez les clignotants et aplatissez un peu les ailles et vous obtenez…une XJ6 ! X pour expérimental, J pour Jaguar, c’est le nom de code que l’équipe de conception avait donné à la voiture et que la marque finira par conserver. Dire qu’elle est réussie est un euphémisme.

Lorsqu’elle sort des usines de Coventry en 1968, la presse est tellement dithyrambique à son endroit, qu’elle en oublie tous les récents tâtonnements de la firme depuis la décision de remplacer la MK2. Enterrée la 3.8S avec son nez de Mark 2 ! Balayée la 420 et la MK10, les deux grandes sœurs maudites, avec leurs drôles de fesses. Avec une ligne enfin équilibrée et surtout un arrière totalement inédit à la mesure d’un avant parfait, L’XJ remet les compteurs à zéro. Même si la ligne de caisse est splendide, la voiture reprend finalement des solutions techniques pour le moins éprouvées. C’est certes un châssis coque, mais le train avant est une évolution de celui de la 420 (lui-même issu de la MK1) et le train arrière est, quant à lui, l’exacte pendant du bloc suspension-faux châssis qui fait encore les belles heures de la Type E, pourtant née en 1961.

Qu’importe, après les louvoiements de la 3.8S et de la 420, l’XJ6 est bien née. Le patron de la marque l’ignore encore, mais elle va devenir la berline la plus vendue de l’histoire de Coventry. Elle n’est pourtant pas donnée la XJ6. En boite manuelle, elle coute 28 500 Francs (soit 35 000 € actuels selon le convertisseur de l’INSEE) et à ce prix, l’overdrive est en option. Elle est donc plus chère de 4000 Francs que La BMW 2008. Bien au-dessus du prix de l’Opel Admiral 2.8 E et même devant la Mercedes 280 SE et la Rover 3500. Mais le 6 cylindres injection de la Benz ne dispose que de 160 ch permettant certes de flirter avec les 190 km/h mais pas d’inquiéter le salon britannique. L’allemande à l’étoile est quand même loin de la cylindrée de la nouvelle Jaguar.

XJ6

La XJ6, presque aussi rapide que la Type E

Ce n’est certes pas une révolution, mais la marque anglaise équipe son nouveau salon roulant en haut de gamme avec le bloc 4.2 l largement éprouvé sur la MK10 et la Type E. Mais cette fois pas question d’en amoindrir la puissance en le privant d’un carburateur comme ce fut le cas sur la 420.

L’ XJ6 dispose donc des trois cloches SU HD 8 et son moteur frôle la puissance de sa sœur sportive la Type E, soit 250 ch SAE. Un détail essentiel qui permet d’atteindre la barre fatidique des 220 km/h. Il n’y a guère que la Rover 3500 avec son V8 3.5 l d’origine Buick (qui animera plus tard les Range Rover) pour faire presque jeux égal avec sa cousine British. Mais l’esthétique de la 3500 ne plait pas à tout le monde. Quant à la BMW elle ne sort que 168 ch. La Jaguar n’est d’ailleurs pas la seule auto Britannique à briller à l’époque. Le jour de son lancement au British Motor Show, elle partage les feux de la rampe avec la Ford Escort, la Vauxhall FD Victor, la Sunbeam Rapier fastback, la MGC, l’Austin 3 litres et la Triumph 2.5 PI. Elle n’a finalement qu’un défaut cette nouvelle Jag, elle est un peu étroite pour les jambes des passagers arrières. Son comportement de routière est impérial sur les grandes distances. Grace entre autre à ses pneus haute performance ER70 VR15 montés sur des jantes de 6 pouces et développés spécialement par Dunlop. Grâce aussi à son freinage à quatre freins à disques et à tous les trésors d’inventivité que les ingénieurs Jaguar vont mettre en œuvre pour réduire les vibrations, le bruit du moteur et de la route, afin de créer la voiture la plus raffinée du moment. Même si son guidage de train est beaucoup moins incisif que celui d’une DS Citroën par exemple.

Au risque de nous répéter, à part son look, l’auto ne véhicule rien de particulièrement innovant. Mais c’est la qualité générale de sa présentation qui va établir un nouveau standard sur le marché des voitures de luxe. A l’intérieur c’est Byzance, tout n’est que bois et cuir. Même si la planche de bord reprend en tous points le bloc des jauges, les basculeurs et les compteurs de la E et de la 420.

Au point que la berline va recevoir très vite le surnom de meilleure berline du monde. « Jaguar établit de nouvelles normes impressionnantes » commente le magazine Motor, « une combinaison de performances, de confort, de tenue de route et de silence inégalée à ce prix, avec très peu de défauts ». Pour le magazine Australien Modern Motor « l’ XJ6 est la meilleure voiture Britannique de la décennie, difficile d’égaler ses qualités ». Pour Autocar : « c’est la meilleure qui soit…d’un point de vue dynamique, elle n’a pas d’égale, quel que soit son prix, ce qui explique les délais de livraison de douze mois imposés par les concessionnaires… ».

Comme lors du lancement de la MK2 quelques années auparavant, Jaguar a travaillé aussi l’entrée de gamme. La marque propose donc un nouveau moteur 2.8 l moins puissant. Bloc ne développant que 160 ch censé satisfaire aux exigences des pays imposant de lourdes taxes sur les chevaux fiscaux. Il ne va pas rester dans l’histoire de la marque par manque de fiabilité. Comme le 3.4 l d’ailleurs qui lui succèdera sur la série 2. Ça n’est pas très grave. Quelles que soient les motorisations, la nouvelle Jag se vend comme des petits pains. La firme bat même son record de production dès la première année avec 1800 autos construites. La demande est si forte qu’elle va même donner lieu à une manifestation de clients Suisses devant le siège de la BLMC à Berkeley Square, à Londres, frustrés par les retards de commande !

Mais c’est l’avènement du nouveau moteur V12 en 1971 qui va faire rentrer définitivement la berline Jaguar dans le club très fermé des légendes sur roues. D’abord livré sur les Type E série 3 en 1971, le bloc de 5300 cm3 entièrement en aluminium équipé de chemises en fonte humide amovibles, et de culasses aluminium à arbre à cames en tête va transfigurer la berline. Equipé de 4 carburateurs Zenith-Stromberg il va hisser la puissance de la XJ à 272 ch mais ne sera accouplé malheureusement qu’à une boite automatique BW à trois vitesses. Un moteur fantastique (qualifié d’usine à gaz par ses détracteurs) quelque peu étouffé par le système antipollution, adulé par les jaguaristes dont nous viendrons vous compter la fabuleuse histoire très bientôt.

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