La surenchère en matière de sécurité routière semble ne pas connaitre de limites. A la limitation de vitesse à 30 km/h imposée par la Mairie de Paris le 30 Août dernier, a succédée presque immédiatement l’imposition du même pensum aux automobilistes de Bordeaux.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, c’est au tour de la vitesse sur autoroutes de subir les foudres d’Anne Hidalgo ce mercredi 22 septembre. Alors même que certains départements limités à 80 Km/h reviennent (discrètement) aux 90 km/h, sans avoir noté de baisse significative de l’accidentologie, la Maire de Paris ressort la vieille lune des 110 km /H remise au goût du jour par le récent rapport de la convention citoyenne pour le climat.

Pour l’édile parisienne, la vitesse est dangereuse. Une évidence forgée sans doute au cours de ses nombreux déplacements parisiens. « Je suis personnellement pour la baisse de la vitesse, 130 km/h, c’est beaucoup », a-t-elle déclaré sur BFM, « je suis favorable, d’une façon générale, à ce que l’on baisse la vitesse, puisque vitesse égale accidents. Mais cette décision ne devra pas venir d’en haut » pondère elle. « Cette réforme devrait faire l’objet d’une concertation entre le gouvernement, les autorités nationales et les localités ».

Coté usager, inutile de préciser que la nouvelle lubie de l’élue de Paris passe assez mal. Pour l’association 40 millions d’automobilistes, « les gouvernants sont obnubilés par le facteur ‘vitesse’ et le déploiement d’un arsenal répressif toujours plus massif manque complétement son objectif : réduire la mortalité routière, et n’est plus que le gestionnaire d’un parc particulièrement lucratif de radars en tous genres ».

Après les ZFE qui condamnent plusieurs millions de voitures à rester en marge des grandes métropoles, l’entrée en service de centaines de nouvelles voitures radar, le blocage sur Waze et Coyote de certains contrôles dès Novembre prochain (alcool stupéfiants, opérations en cas d’enlèvement ou d’alerte terroriste) et le remplacement progressif des radars première génération par 6000 radars tourelle flashant dans les deux sens, l’automne de la route s’annonce plutôt glacé.

« Une nouvelle fois les politiques et les gouvernants prouvent qu’ils n’ont rien compris aux problèmes de circulation » analyse encore 40 millions d’automobilistes. « Chaque accident de la route résulte en effet d’un ensemble de facteurs et non d’une seule cause. La conduite sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants, représentaient en 2018, 30 % et 23 % des accidents mortels, la moitié de ces derniers impliquant également une alcoolémie supérieure à 0,5g/L du conducteur responsable. Le téléphone portable est lui aussi responsable de 11 % des accidents mortels sur la route ». L’autoroute quant à elle, est la voie de circulation qui connait l’accidentologie la plus faible.

Mais c’est la très respectable Cours des Comptes qui enfonce le clou dans les poncifs sur la sécurité routière. D’après son récent rapport, publié en Juillet dernier, la France était passée de 18000 morts sur les routes en 1972, à 3500 en 2019, « mais depuis 2013, on a atteint une sorte de plateau », explique Gilles Andréani, Président de la 4e chambre de la Cour des comptes ». Le rapport des Sages souligne même que le nombre de blessés graves a augmenté entre 2013 et 2017. Ce sont les usagers de deux-roues motorisés (représentant 2 % du trafic) qui constituent 22 % des décès sur la route », conclut Gilles Andréani. « Et si l’on compare la France à ses voisins, nous sommes passés du 7e rang en 2008 au 14e en 2019 ».

Pour sortir du « tout radar », la Cour des comptes recommande donc « une présence maintenue, active ou dissuasive, des forces de sécurité au bord des routes et dans le flux de circulation, en particulier de la part de la Police nationale ».

Une préconisation qui ne semble pas avoir été retenue par la région Franche-Comté. La Préfecture du Doubs vient d’équiper trois de ses communes de nouveaux « équipements de terrain urbain » (ETU). Des radars d’un nouveau genre utilisant une caméra équipée d’un laser « Lidar 3D » permettant d’identifier n’importe quel objet en mouvement (voiture, deux-roues, camion, piéton) en identifiant une multitude d’infractions : excès de vitesse, non-respect des feux, absence du port de la ceinture de sécurité ou encore utilisation du téléphone mobile, priorité aux piétons, arrêt au panneau stop et même évaluation des niveaux de pollution…

Une « innovation » qui devrait progressivement envahir les grandes villes en ravissant au passage les 74 % des actifs (soit 18,4 millions de personnes) qui utilisent quotidiennement un véhicule motorisé pour se rendre au travail.

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