« Je ne reconnais plus personne… en Rolls-Royce Silver Cloud » aurait pu chanter Brigitte Bardot qui demeura fidèle à la respectable anglaise pendant six ans. Deux modèles ont accompagné la star et contribué à forger sa légende.

Texte / Raymond Teverdi.

Février 1968. Au petit matin, l’équipe de production du western Shalako s’affaire aux préparatifs du tournage. Dans le désert de Tabernas, près d’Almeria en Espagne, il fait encore frais et Sean Connery, déjà costumé et maquillé, partage un café avec des techniciens. Au loin sur la piste, nimbée d’un nuage de poussière, se dessine alors une forme indéfinie rendue étincelante par les premiers rayons du soleil. C’est une voiture qui approche. Une Rolls-Royce. Blanche. On ne distingue pas encore ses passagers mais, lorsque la respectable anglaise vient se ranger devant les tentes de la production, personne ne s’émeut, lorsque son chauffeur vient lui ouvrir la portière arrière, de voir apparaitre Brigitte Bardot, encore en retard. Derrière ses lunettes de soleil, Sa Blondeur salue quelques personnes et s’engouffre sous une tente, immuable routine matinale depuis le début de ce tournage.

Si le spectacle de cette Rolls-Royce Silver Cloud I immaculée stationnant sur le bord d’une piste rocailleuse au milieu de nulle part semble quelque peu saugrenu, la limousine a toujours fière allure sous sa fine couche de poussière, forte d’un prestigieux historique et d’un nom qui fera toujours rêver. En 1957, la voiture avait été commandée en version longue chez l’importateur Franco Britannic par un aristocrate parisien qui l’expédia aussitôt chez le carrossier Henri Chapron pour lui faire subir quelques modifications, notamment l’ajout d’une séparation sur-mesure. Les travaux sont achevés en novembre 1958 et la Silver Cloud, seul exemplaire de ce modèle jamais modifié par Chapron, sera immatriculée 9766 PL 75 en janvier 1959. En 1966, elle devient la propriété de la chanteuse et actrice Brigitte Bardot.

Est-ce au contact de son deuxième mari, le comédien Jacques Charrier, propriétaire de la première Jaguar Type E importée en France en 1961, que la star a pris goût aux anglaises ? Elle eut alors aussi bien pu craquer pour les italiennes au contact de son premier mari, Roger Vadim, qui posséda une Ferrari 250 GT California durant leur union. Toujours est-il que dès réception de sa Silver Cloud LWB, la star file aux sports d’hiver à son volant. Sur cette route enneigée menant à la station de Méribel-les-Allues, l’imposant véhicule semble aussi peu à sa place que dans le désert espagnol. Car les clichés sont coriaces et l’on s’attend davantage à trouver la Cloud garée devant un club privé londonien ou un hôtel étoilé de la Riviera. Mais Bardot n’a nulle envie de mettre sous cloche sa belle Rolls-Royce ni de lui épargner un usage quotidien. La limousine sera fréquemment de sortie à Paris, de spectacles en Premières, assurant, grâce à sa confortable banquette, un co-voiturage prestigieux pour ses amis du ghotta dont son futur mari Gunter Sachs. Peu de temps avant le tournage de Shalako, la voiture est repeinte en blanc chez Chapron et cette belle histoire prend fin en 1970 lorsque la Rolls-Royce est revendue en 1970 à Jean Bouquin, un voisin et ami couturier habitant Saint-Tropez. En 2022, lors de la vente aux enchères Artcurial du Salon Rétromobile, elle trouvera un nouvel acquéreur pour la somme de 131 000 euros.

Rolls Royce Silver Cloud - Brigitte Bardot

DR : Jean-Claude SAUER / PARISMATCH / SCOOP

C’est un autre modèle de la marque de Crewe qui va sans tarder lui succéder. En 1970, Bardot prend possession d’un cabriolet Silver Cloud II Drophead Coupe de 1962 dont le design est l’œuvre du carrossier historique de la marque, H.J. Mulliner. En ce début des années soixante-dix, l’artiste amorce un tournant dans sa carrière, elle ne va plus accepter que quelques rôles (Boulevard du Rhum, Les pétroleuses…) avant de tourner son dernier film en 1973 (L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise) et de poursuivre avec passion son combat pour la défense des animaux. Bardot cheveux au vent dans un cabriolet, la Régie Renault y avait déjà pensé à la fin des années cinquante en faisant d’elle la marraine du modèle Floride, soucieuse de profiter de la notoriété de la jeune actrice pour séduire une clientèle féminine. Un premier exemplaire (couleur blanc Kilimandjaro) lui avait été livré à Nice sur le tournage de Voulez-vous danser avec moi en août 1959, bientôt suivi d’un second exemplaire durant les années soixante

Cette Silver Cloud II, un des seulement 75 exemplaires en conduite à gauche, avait été livrée neuve en octobre 1962 à un play-boy américain du nom d’Andrei Porumbeanu, résidant en Suisse et qui la conservera jusqu’en 1967. C’est un ami de Bardot qui l’acquiert alors, le chanteur Charles Aznavour, qui l’utilisera jusqu’en octobre 1970 lorsque Bardot la lui rachète. À cette époque, la Cloud est encore blanche et se voit confiée pour l’entretien au garage parisien British Motors d’Edgar Bensoussan. L’histoire voudrait que l’importateur, lors d’une révision de la Rolls-Royce, aurait offert un magnifique bouquet de fleurs à la star avant de demander à son chef d’atelier de la raccompagner chez elle, Avenue Paul Doumer, dans le XVIè arrondissement. Puissant et confortable, le cabriolet Silver Cloud II semble avoir été conçu dans le seul but de véhiculer Bardot de Paris jusqu’à sa résidence de Saint-Tropez, La Madrague, acquise en 1958. Sous l’interminable capot, le gros V8 de 6,2 litres d’une puissance « suffisante », comme on disait alors chez Rolls-Royce, remplace le 6 cylindres de la Cloud I jugé un peu poussif, rendant les 180 km/h parfaitement envisageables dans un confort de salon à l’anglaise. Ses nombreux chiens risquaient-ils d’endommager l’élégant habitacle tendu de cuir gris ? Bardot revendra la Cloud en 1972 au créateur de chaussures Charles Jourdan qui la fera repeindre dans le bleu nuit qu’elle arborait encore en 2014 lorsqu’elle fut vendue aux enchères, elle aussi chez Artcurial, pour 286 000 euros.

Une Lancia Flaminia et quelques Mini Moke complèteront l’album mais se sont bien les Rolls qui contribueront à forger durablement la légende de Brigitte Bardot. En 1961, elle tournait Amours célèbres. Le titre conviendrait parfaitement à la belle histoire qui l’unit à la Silver Cloud

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