1999, le dix-neuvième James Bond, Le monde ne suffit pas, est en chantier. C’est le troisième de Pierce Brosnan, et le troisième également pour BMW en tant que fournisseur officiel de 007. Dans le cadre de son partenariat avec Eon Productions, la marque allemande a prévu cette année d’équiper l’agent secret de son futur cabriolet Z8.

Crédit photo : Flickr, @DR

Pour le grand public, la BMW Z8 du Monde ne suffit pas, c’est « celle qui finit coupée en deux ».  Pour la marque allemande, ce sera surtout un formidable placement de produit comme seuls les James Bond en attirent, sans même plus chercher à les dissimuler. Lancée en 2000 et produite à 5703 exemplaires, la Z8 reprenait les lignes du concept Z07, hommage à sa superbe et rarissime ainée, la BMW 507, produite à seulement 254 exemplaires entre 1955 et 1959 et que les amateurs de stars à quatre roues auront remarqué dans le film Fantômas, d’André Hunebelle (1964).

A l’origine, la séquence impliquant la BMW devait être infiniment plus complexe, prévoyant une poursuite à travers les passerelles d’une usine de caviar sur la mer Caspienne avec 007 au volant d’une voiture capable de se rendre invisible. L’idée de l’usine de caviar sera conservée mais pas celle de la voiture invisible, hélas recyclée par les scénaristes Purvis et Wade sur l’Aston Martin Vanquish du film suivant, Meurs un autre jour

Un projet (trop) ambitieux ?

Alors que débute le tournage du James Bond en janvier 1999, la production de la Z8 est loin d’avoir démarré et le constructeur ne dispose que de quelques prototypes. « BMW nous a invité à leur usine de Munich pour nous montrer quatorze prototypes » raconte Peter Lamont, le créateur des décors (Oscarisé un an plus tôt pour son travail sur Titanic, de James Cameron) « mais lorsqu’on a expliqué aux ingénieurs ce qu’on prévoyait de faire avec leurs voitures, leurs visages se sont décomposés ! » Finalement, deux protos seulement vont être confiés à la production, on est loin de la flotte de dix-sept exemplaires de BMW 750 iL fournies pour le tournage de Demain ne meurt jamais, le précédent James Bond. « Deux exemplaires, explique Chris Corbould, chargé des effets spéciaux, c’était bien insuffisant pour respecter notre agenda de tournage, surtout lorsqu’on doit tourner dans de nombreux sites différents ». Pas question, en effet, que sur un film d’un tel budget (environ 135 millions de dollars) le tournage soit interrompu suite à une panne ou un accident qui immobiliserait un ou plusieurs véhicules à l’autre bout du monde. Des voitures de remplacement sont indispensables.

Une BM en verre

bmw Z8
BMW Z8 @DR

Dès lors, comment montrer à l’écran une voiture qui n’existe pas ? En faisant appel aux sorciers des studios de Pinewood, Andy Smith et Nick Cobalt, qui vont en huit semaines réaliser deux répliques parfaites de la Z8 en fibre de verre ainsi qu’une troisième en aluminium pour la scène de destruction du modèle qui la verra se faire couper en deux par une gigantesque scie pendue sous un hélicoptère ! Un gag inspiré au scénariste Robert Wade par un épisode de Laurel et Hardy dans lequel la Ford T du duo comique subissait le même sort.

Pour la conception des répliques, «nous sommes partis d’un de leurs prototypes, explique Andy Smith, à partir duquel on a conçu un moule pour reproduire les parties avant et arrière ». Le tout sera assemblé sur un châssis de Dax Cobra motorisé par un V8 Chevrolet de 350 chevaux (à la place du V8 4,9 litres qui équipe la vraie Z8), agrémenté d’une boite 5 vitesses, d’authentiques éléments de carrosserie fournis par BMW et d’amortisseurs de Jaguar. « Un vrai dragster ! » s’enflamme Smith. «On pouvait réaliser des doughnuts, ce qui aurait été impossible avec une véritable Z8 à cause de son Traction Control. Les ingénieurs de BMW adoraient conduire nos répliques ».

Le tournage a lieu sur le grand bassin des studios de Pinewood où Peter Lamont a conçu son vaste décor d’usine de caviar, un entrelacement de passerelles en bois et d’énormes tuyaux au travers desquels la Z8 devra se frayer un chemin, dirigée à distance par 007 à l’aide du porte-clé de la voiture. Une option qui équipait déjà sa précédente BMW, la 750iL de Demain ne meurt jamais, qui se pilotait quant à elle via le téléphone portable de Bond. Autre option Bondienne de la Z8, des lance-roquettes sur les flancs, bien utiles pour abattre des hélicos menaçants. Q a décidément pensé à tout.

James Bond BMW Z8
James Bond BMW Z8. Crédit : Wikimedia @DR

Fidèle à la tradition des James Bond d’avoir le moins possible recours aux effets spéciaux, le spécialiste en miniatures Greg Morgan va aussi concevoir une Z8 à l’échelle 1/8 et bien malin sera le spectateur capable d’identifier la supercherie. Plus de vingt ans après la sortie du film, on peut bien le révéler : la miniature apparait quelques secondes lorsque Bond traverse un champ de puits de pétrole et une forêt d’Azerbaïdjan (en fait un terrain aux studios de Pinewood), filmé en plan aérien.

Le monde ne suffit pas sera le dernier Bond à faire grincer les dents des puristes en équipant l’agent secret britannique d’une voiture de fonction allemande. Pierce Brosnan himself aurait déclaré que seul Aston Martin était en mesure de remplacer dignement la Bentley historique de 007 décrite dans les romans de Fleming. Tout reviendra dans l’ordre trois ans plus tard, en 2002, lorsque Aston Martin, désormais dans le giron de Ford, aura les moyens d’équiper convenablement l’agent secret en lui fournissant plusieurs exemplaires de la nouvelle Vanquish. Un beau cadeau pour les 40 ans de James Bond au cinéma. Mais dans le coeur des aficionados de la série, la Z8 reste le dernier véhicule conçu par le légendaire Q incarné depuis Bons baisers de Russie (1963) par Desmond Lewelyn, sa dernière scène revêtant un caractère particulièrement émouvant car l’acteur de 85 ans décédera quelques mois après la sortie du film, fin 1999, dans un accident de la route.

Aujourd’hui, les restes de la Z8 coupée en deux sont visibles au musée automobile de Beaulieu, en Angleterre tandis que la seule des deux autres répliques équipée des lance-roquettes réside, avec sa version miniature, au sein de la collection Bond in Motion qui a émigré à Los Angeles fin 2021 après plusieurs années passées à Londres. La troisième réplique se trouve dans la collection BMW visible à son siège de Munich.

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